Choose France 2025 : 40 milliards d’euros, l’IA, l’industrie verte et la relocalisation à l’honneur

Le 8ᵉ sommet Choose France, organisé à Versailles le 19 mai 2025, bat un record historique : plus de 40 milliards d’euros d’investissements étrangers officialisés, dont 53 projets majeurs, plus de 13 000 emplois directs et indirects annoncés, et une couverture sectorielle inédite.

L’édition 2025 confirme la montée en puissance de la France dans l’intelligence artificielle, les data centers, l’industrie verte, la mobilité propre, la souveraineté industrielle et la relocalisation.

Tableau récapitulatif des principales annonces

Certaines annonces étaient d’ores et déjà officialisées lors de la précédente édition de Choose France.

Un sommet sous le signe de la réindustrialisation et de la souveraineté

Plus de 200 dirigeants internationaux issus de 40 nationalités ont convergé vers Versailles pour cette édition, illustrant la capacité de la France à fédérer autour de sa stratégie d’attractivité.

L’accent est mis sur la réindustrialisation, la transition écologique et la souveraineté technologique, avec une volonté affichée de répartir les investissements sur l’ensemble du territoire, bien au-delà de l’Île-de-France.

Data centers et intelligence artificielle

• Brookfield & Data4 investissent 10 milliards d’euros à Cambrai pour bâtir le plus grand campus de data centers IA d’Europe (1 GW), générant 4 000 emplois et transformant la région en pôle d’excellence numérique.
• Prologis modernise la logistique nationale avec 6,4 milliards d’euros pour 750 000 m² d’entrepôts et 4 data centers en Île-de-France, Marseille, Lyon et Le Havre, accompagnant la croissance du e-commerce et des services cloud (5 500 emplois).
• Digital Realty investit 2,3 milliards d’euros à Marseille et Dugny, renforçant la position de la France comme porte d’entrée du cloud mondial, avec deux nouveaux data centers (750 emplois).
• MGX, Bpifrance, Mistral AI, Nvidia lancent en Île-de-France un campus IA souverain de 8,5 milliards d’euros, conçu pour héberger les plus grandes puissances de calcul européennes et attirer les talents mondiaux de l’IA générative.
• Accenture double ses effectifs français, crée un centre d’excellence IA et investit massivement dans la formation de data scientists et d’ingénieurs.
• Cisco renforce la cybersécurité et les réseaux IA à Paris-Saclay et Sophia Antipolis.
• Kyndryl crée un hub IA/cybersécurité à Sophia Antipolis, avec 300 recrutements.
• Snapchat inaugure à Paris son AR Studio, un centre d’excellence en réalité augmentée qui collabore déjà avec le Louvre et Chantilly, et ambitionne de faire de la France une référence mondiale de la création immersive.

Souveraineté, métaux stratégiques et défense

• Cellnex investit 2,5 milliards d’euros dans le déploiement de la 5G, notamment dans les zones rurales, pour garantir l’accès au très haut débit à tous les territoires et soutenir la digitalisation des PME.
• Less Common Metals construit à Lacq une usine de terres rares (110 millions d’euros, 80 emplois), essentielle à l’autonomie européenne sur les aimants et alliages stratégiques pour l’éolien et l’électronique.
• Tekever ouvre en Occitanie un site de production et de maintenance de drones civils et militaires, avec un pôle de formation.
• H3 Dynamics développe à Toulouse des piles à hydrogène innovantes pour drones et robots autonomes, renforçant la souveraineté technologique française.

Mobilité électrique, hydrogène et logistique verte

• Daimler Truck implante à Ligny-en-Barrois une usine d’autobus électriques (92 millions d’euros, 150 emplois) et structure la filière mobilité propre.
• Windrose Technology installe sa plus grande usine européenne de camions électriques (175 millions d’euros), destinée à la logistique urbaine et interurbaine.
• BYD (Chine) confirme son intention d’investir dans la mobilité électrique en France, avec des discussions avancées sur une implantation industrielle.
• Iveco (Italie) annonce un investissement dans la production d’autobus sur le territoire français, participant à la relocalisation industrielle.
• H2V, Hy2gen investissent 1,5 milliard d’euros dans des usines de carburants d’aviation durables et de réservoirs d’hydrogène.
• Plastic Omnium lance à Compiègne une nouvelle usine de réservoirs hydrogène (100 millions d’euros), essentielle à la mobilité lourde et à la filière hydrogène française.

Industrie, énergie et transition verte

• BASF renforce sa présence industrielle en France dans la chimie de spécialité et les solutions pour la transition énergétique.
• Siemens Energy confirme de nouveaux investissements pour moderniser les infrastructures électriques et accompagner la transition vers l’énergie décarbonée.
• Circ bâtit à Saint-Avold la plus grande usine européenne de recyclage textile par dissolution chimique (450 millions d’euros, 200 emplois).
• Veolia modernise et étend ses sites de valorisation énergétique et de recyclage dans le Grand Est et les Hauts-de-France (500 millions d’euros).
• Solvay construit à Tavaux une unité de polymères spéciaux pour batteries et véhicules électriques (300 millions d’euros, 80 emplois).
• Trinseo modernise son site de plastiques techniques à Saint-Avold (60 millions d’euros, 50 emplois).
• Mitsubishi Chemical Group développe à Compiègne des composites légers pour l’automobile et l’aéronautique (130 millions d’euros, 50 emplois).
• Schneider Electric investit dans la modernisation de plusieurs sites français, intégrant automatisation et IA pour l’efficacité énergétique.

Numérique, finance, services et retail

• Revolut installe son siège Europe de l’Ouest à Paris, prévoit 500 emplois et lance une demande d’agrément bancaire, confirmant la place de Paris comme capitale fintech (1 milliard d’euros).
• Amazon ouvre de nouveaux entrepôts et centres de distribution en Île-de-France et dans le Sud-Est, misant sur la logistique verte et l’automatisation pour créer 1 500 emplois (300+ millions d’euros).
• JP Morgan étend son bureau parisien, créant 1 000 emplois dans la finance, la gestion d’actifs et le trading.
• Blackstone investit dans des plateformes logistiques et des entrepôts automatisés (1 milliard d’euros).
• PIF (fonds souverain saoudien) inaugure son bureau à Paris, faisant de la France sa plateforme européenne d’investissement.
• Goldman Sachs développe ses activités à Paris, poursuivant sa stratégie post-Brexit.
• América Móvil (Carlos Slim) réaffirme son intérêt pour le marché français, notamment dans les télécoms.

Culture, audiovisuel et tourisme

• Netflix investit 250 millions d’euros pour doubler le nombre de productions originales en France, avec des tournages à Paris, Marseille et Lyon.
• Qiddiya (Arabie Saoudite) signe un protocole d’accord pour développer un complexe touristique et de loisirs d’envergure.
• MSC Croisières commande deux paquebots verts aux Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, avec propulsion GNL et technologies de réduction des émissions, soutenant 2 000 emplois.
• Disney étend Disneyland Paris avec de nouvelles attractions et hôtels.
• Universal Music et Warner Bros Discovery développent de nouveaux studios et projets de production à Paris.

Santé, biotechnologies et chimie

• Pfizer investit 500 millions d’euros pour moderniser ses sites français, renforcer la bioproduction, la recherche clinique et l’innovation vaccinale.
• Sanofi modernise ses sites de Vitry-sur-Seine et Neuville-sur-Saône pour la bioproduction (400 millions d’euros).
• AstraZeneca investit 250 millions d’euros dans les essais cliniques et le développement de nouvelles thérapies en France.
• Merck lance une nouvelle ligne de production pharmaceutique à Molsheim (150 millions d’euros).
• Merck Life Science investit 130 millions d’euros dans la bioproduction sur le même site, créant 500 emplois.
• Thermo Fisher Scientific développe ses biotechnologies à Illkirch-Graffenstaden (100 millions d’euros, 200 emplois).
• GSK investit dans la production de vaccins à Saint-Amand-les-Eaux (100 millions d’euros, 100 emplois).
• Fresenius Kabi construit une usine de nutrition clinique à Sèvres-Anxaumont (50 millions d’euros, 60 emplois).
• Stryker produit des dispositifs médicaux à Cestas (40 millions d’euros, 80 emplois).

Autres secteurs et PME étrangères

• Danfoss investit 35 millions d’euros à Reyrieux dans une usine de pompes à chaleur (100 emplois).
• Elkem développe la production de matériaux avancés à Saint-Fons (30 millions d’euros, 60 emplois).
• Vestas crée 50 emplois à Paris pour ses solutions éoliennes (25 millions d’euros).
• Sidel investit 20 millions d’euros à Octeville-sur-Mer dans l’emballage (40 emplois).

De nombreuses PME étrangères venues d’Italie, du Danemark, d’Espagne, du Canada, du Japon et d’autres pays investissent dans l’agroalimentaire, l’équipement industriel, la chimie, la logistique, la santé, la mobilité et la tech, avec des projets de 5 à 20 millions d’euros et des créations d’emplois de 10 à 50 par projet, illustrant la diversité et la vitalité du tissu industriel français.

Nouvelle dynamique territoriale

Choose France 2025 marque un basculement géographique et sectoriel : la majorité des projets irriguent des territoires industriels en reconversion (Cambrai, Saint-Avold, Lacq, Ligny-en-Barrois, Tavaux, Compiègne, Molsheim…). Cette stratégie favorise la création d’emplois qualifiés, la montée en gamme des filières et la structuration de pôles d’innovation locaux.

La France se positionne comme un laboratoire de la réindustrialisation numérique et verte, tout en consolidant sa souveraineté sur les technologies critiques, l’énergie et la santé. Les défis restent la transformation rapide des annonces en emplois pérennes, la formation des talents et la montée en puissance de la deeptech.

Opportunités et défis du modèle Choose France

Si le sommet Choose France bat des records, il ne représente que 6 % de l’investissement total annuel des entreprises en France. La dynamique d’investissement repose encore largement sur les PME françaises, qui constituent le socle de l’économie. Les investissements étrangers, bien que stratégiques, interviennent souvent dans des structures déjà existantes et ne suffisent pas à eux seuls à augmenter la capacité productive globale.

La répartition sectorielle reste déséquilibrée : l’essentiel des annonces concerne la logistique, le tourisme, l’audiovisuel et, cette année, les data centers et l’IA. Les investissements dans la deeptech, la biotechnologie ou l’industrie de rupture restent minoritaires, ce qui interroge sur la capacité de la France à devenir un véritable leader de l’innovation disruptive à long terme.

Perspectives et leviers pour une attractivité durable

La France doit désormais transformer ces annonces en emplois durables et en valeur ajoutée industrielle. Cela implique :

• D’accélérer la formation sur les métiers de l’IA et du numérique, pour répondre aux besoins des nouveaux campus et data centers.
• De renforcer les synergies entre grands groupes, PME et centres de recherche, pour structurer des filières souveraines dans les technologies critiques.
• D’alléger l’environnement réglementaire et d’améliorer la compétitivité des écosystèmes locaux afin de pérenniser l’attractivité au-delà de l’effet d’annonce.

Choose France 2025 ouvre une nouvelle séquence : celle d’une attractivité fondée sur la souveraineté technologique, la transition écologique et la réindustrialisation territoriale. La réussite dépendra de la capacité à concrétiser les projets, à diffuser l’innovation dans tous les territoires et à faire émerger les champions nationaux de demain.